Entretien éclair avec la direction scientifique : Dr Norman Rosenblum

Aujourd’hui, nous nous entretenons avec le Dr Norman Rosenblum, directeur scientifique de l’Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) afin d’en apprendre davantage sur les dernières avancées scientifiques en voie de transformer les soins prodigués aux patients.

IRSC : Quelle est la recherche dans votre domaine qui suscite les plus grandes retombées?

Dr Rosenblum : L’un des secteurs de recherche qui attire le plus l’attention en ce moment est la recherche sur les cellules souches visant à lutter contre le diabète.

La prise en charge du diabète de type 1, une maladie qui touche des milliers de jeunes, implique de s’injecter de l’insuline tous les jours, sans interruption du traitement, pour le reste de sa vie. Nombre de gens atteints du diabète de type 2 devront également recourir à l’insulinothérapie à un moment ou à un autre. Ce type de traitement ayant fait l’objet d’avancées majeures, les diabétiques ont maintenant la chance de vivre une longue vie épanouissante. Or, ils doivent toujours composer avec le lourd fardeau de surveiller leur glycémie et de s’injecter de l’insuline au quotidien.

Cela dit, une innovation scientifique permet de changer la donne : la transplantation de cellules productrices d’insuline. Et le Canada est un chef de file dans le domaine! Ce principe a vu le jour il y a environ 25 ans à Edmonton, où l’on a transplanté des îlots pancréatiques sécréteurs d’insuline à des personnes atteintes de diabète de type 1. Cette nouvelle intervention s’est avérée une solution de rechange à l’injection d’insuline, à condition de prendre des immunosuppresseurs.

Il s’agissait d’une découverte révolutionnaire, certes, mais sa mise en application à grande échelle demeure restreinte par le manque de dons de cellules et le besoin soutenu de recourir à des immunosuppresseurs afin de prévenir le rejet des cellules par l’organisme. C’est pour cette raison que les IRSC ont financé des équipes de recherche de part et d’autre du pays afin d’étudier ces questions.

Dans le cadre des plus récents travaux sur le sujet, des équipes conditionnent des cellules souches pluripotentes à sécréter de l’insuline pour produire une source illimitée et renouvelable de cellules à des fins de transplantation. Les chercheurs protègent également ces cellules contre le système immunitaire des patients par deux moyens : les modifier génétiquement afin qu’elles ressemblent aux cellules du corps du patient ou les recouvrir d’une couche protectrice de matière biologique. Les cellules souches peuvent ainsi se loger dans le corps et produire la parfaite quantité d’insuline selon les besoins du patient. Des essais cliniques sont en cours et affichent déjà des résultats prometteurs.

IRSC : C’est incroyable! Quand et comment les patients pourront-ils profiter de ces résultats de recherche?

Dr Rosenblum : Il est difficile de déterminer le moment exact – dans cinq ou dix ans, voire peut-être plus – mais nous nous rapprochons de notre objectif. Lorsqu’il deviendra accessible en milieu clinique, le traitement à base de cellules souches améliora considérablement la qualité de vie des personnes aux prises avec le diabète.

En partenariat avec d’autres organismes, dont Percée DT1 Canada (anciennement la Fondation de recherche sur le diabète juvénile), les IRSC appuient en continu la recherche sur le diabète depuis nombre d’années, et plus particulièrement la mise au point d’un traitement à base de cellules souches. Le milieu scientifique se penche sur les importantes questions qu’il faut résoudre pour que ce traitement s’ancre dans la pratique.

D’ailleurs, nous avons récemment souligné le 100e anniversaire de la découverte de l’insuline. J’aime à penser que, lorsque nous célébrerons le 200e anniversaire, les patients n’auront plus à dépendre de l’injection d’insuline!

Pour en savoir plus, consultez le site Web de l'Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète des IRSC.

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